Sangore Administrateur
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Posté le: Sam 9 Jan - 19:47 (2016) Sujet du message: Thanatomorphose |
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Réalisateur : Éric Falardeau Avec : Kayden Rose, Davyd Tousignant, Émile Beaudry Pays : Canada Année : 2012
Avis : Le film s’ouvre sur une musique qui rappelle le style de Carpenter, avant de prendre une toute autre direction, où les violons pleurent, accompagnant le pathétique et terrible sort de Laura, une jeune femme qui n’a rien fait pour mériter ce qui va lui arriver. Car tout le film va montrer sa lente détérioration physique due à une maladie attrapée suite à une nuit torride avec son copain. Cette maladie va faire que la pauvre va littéralement pourrir vivante. Les différentes étapes nous seront minutieusement montrées, rien ne nous sera épargné, surtout pas les détails les plus dégoûtants.
Le rythme qu’impose Éric Falardeau à son film est en adéquation avec l’objet de cette œuvre : qui dit lente décomposition dit rythme lent pour bien capter cette évolution progressive. Le contraste entre le physique initial du personnage (jolie silhouette) et ce qu’il devient à la fin du métrage est saisissant ! À ce titre, il faut saluer l’impressionnant travail de maquillage qui est réalisé pour ce film. C’est tout simplement incroyable. Quel sens du détail et du réalisme ! Les effets spéciaux sont assurés par Rémy Couture et David Scherer. On ne peut que s’incliner devant tant de talent. La réussite du film repose pour une grande part sur ces effets craspecs au possible. Ce n’est pas du gore pour rire, c’est du gore pour vomir ! Sérieusement, même les fans de gore les plus acharnés voire blasés ne manqueront pas d’être à la limite de la nausée face à ce spectacle dégueulasse. Entre la chair horriblement nécrosée, le grouillement des asticots sur celle-ci, la merde qui coule le long des jambes du personnage, le vomi, le sperme craché, il faut avoir l’estomac sacrément bien accroché !
Autre facteur de réussite important : le jeu de l’actrice principale. Étant donné qu’on a affaire à un huis-clos avec un seul personnage principal, personnage qui reste cloîtré dans son appartement, et que la caméra scrute tout le temps, il y avait en effet intérêt à ce que son jeu soit juste. Elle s’en tire avec un jeu sobre, réaliste et dépressif. Chapeau pour son courage, car ce tournage n’a pas dû être facile pour elle : elle se balade quasi tout le film à poil et elle a dû subir des séances de maquillage qu’on imagine de plus en plus interminables au fur et à mesure que son personnage se dégrade. Une actrice qui n’a pas peur de s’enlaidir monstrueusement, en tout cas !
On l’aura compris, le ton du film n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler enjoué ! C’est un film sombre et désespéré. L’évolution de l’état physique – et le mental va de pair avec celui-ci – est un processus inexorable, irréversible, et le réalisateur va jusqu’au bout de sa démarche. Que les amateurs de films inoffensifs, rassurants, avec happy end, prennent la fuite, il n’est pas trop tard !
La fascination pour la chair maltraitée dont fait montre Éric Falardeau rappelle celle de David Cronenberg, en particulier sur La Mouche. Il y a aussi un certain « parfum » qu’on retrouve dans le cinéma de Jörg Buttgereit. Thanatomorphose pourrait être décrit comme la rencontre entre un certain cinéma d’auteur (rythme lent, passages purement expérimentaux…) et le cinéma gore extrême underground. Un mariage fascinant.
Bref, Uncut Movies nous a agréablement surpris en éditant ce film, qui est assez atypique dans leur catalogue, même si cohérent par sa dimension trash extrême. En plus, on est gâtés, car les bonus incluent deux courts-métrages du même réalisateur, fort différents l’un de l’autre, mais tout aussi fascinants. Ils frappent fort, là ! Les gars, vous nous surprenez encore comme ça quand vous voulez !
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